J’ai toujours été extrêmement intéressé par le monde
énigmatique du rêve. Je me suis déjà, dans le passé, très sérieusement
confronté en tant qu’artiste avec des images, et, à force de me plonger
continuellement en elles, j’ai développé en moi la faculté du souvenir qui est
si importante en ces matières. Ces pourquoi j’ai souvent réussi à retenir dans
mes dessins des visions si fugaces. À certains moments, je me suis entièrement
abandonné à un état d’esprit qui, même éveillé, me donnait accès à ces figures
nocturnes. Les impressions du prétendu monde extérieur atteignaient alors mon
centre vital comme au travers d’une lentille étrangement polie. Dans ces
moments, presque toujours très brefs, on n’a pas seulement le souvenir de
l’expression des personnages, mais aussi et d’une manière exceptionnelle, celui
de toutes les excitations sensibles intimes et des sentiments inconnus et
franchement bizarres qui leur sont souvent liés. Le rêve est un puissant
magicien. Je qui m’intéresse c’est moins le contenu déterminé des rêves que le
fait même qu’on rêve en général et la façon dont ça se passe.
Alfred Kubin : Le Travail du dessinateur

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