Ill. : Golgotha par Ilya Répine. Texte : L’Évangile de Judas, traduction intégrale et commentaires des professeurs Bart Ehrman, Rodolphe Krasser, Mravin Meyer et Gregor Wust, éditions Flammarion, collection Champs classiques
Judas relate à Jésus une « grande
vision » qu’il a eue et dont il a été troublé. Il a vu les douze disciples
(à l’évidence les onze autres et celui qui devait le remplacer) en train de le
lapider à mort. Puis, il a vu une belle maison entourée de « gens nobles »
dans laquelle il veut entrer, car elle représente le divin royaume où les
esprits immortels résident en parfaite harmonie. Jésus l’informe qu’aucun être
issu de mortels ne peut y avoir accès : « C’est un lieu réservé aux
saints. » Ce qui veut dire, comme nous l’apprenons plus loin dans le
texte, que tous ceux qui, comme Judas, portent en eux une étincelle divine,
obtiendront le droit d’accès à la maison une fois délivrés de leur chair
mortelle.
En d’autres termes, la mort imminente
de Judas n’aura rien de tragique même si la chose lui paraîtra douloureuse sur
le moment. À sa mort, il deviendra le « treizième », c’est-à-dire
qu’il sera en dehors du cercle des douze disciples et qu’il transcendera leur
nombre. Lui seul sera capable d’entrer dans le divin royaume symbolisé par la
maison de sa vision et ainsi, il sera « maudit par les autres
générations », par la race des mortels qui ne sont pas destinés au salut
ultime. En même temps, il règnera « sur elles », car il sera de loin
supérieur à tous en ce monde matériel, une fois qu’il aura atteint son salut,
fondé sur la connaissance secrète que Jésus est sur le point de révéler.
Une bonne partie de l’Évangile s’est consacré à la révélation secrète que Jésus fait à Judas. Elle concerne « un Royaume grand et illimité », le royaume des êtres véritablement divins au-delà de ce monde et loin au-dessus des déités inférieures qui ont créé cette existence matérielle et ces humains. Cette révélation frappera bon nombre de lecteurs actuels par sa complexité. Nombre d’êtres divins supérieurs sont venus à l’existence longtemps avant qu’apparaissent les dieux de ce monde. Parmi eux, il y a El, le mot hébreu désignant « Dieu », dans l’Ancien Testament et dont Elohim est le pluriel, les dieux.

Commentaires
Enregistrer un commentaire