C’est à partir de la veille que nous évaluons le
rêve ! J’ai plutôt envie de ne la considérer que comme un sommeil plus
rigide et plus lumineux. Cet abîme qui semble sans fond et qui sépare les deux
empires de la vie de notre âme est sans doute la source de tout ce qui arrive.
Un être monstrueux et énigmatique s’y manifeste de façon créative. Ses
profondeurs éternelles se déchirent et elles explosent en surface. Le rêve
dispose d’une capacité de transformation des plus déconcertantes, et d’une
richesse les plus exubérantes, la richesse qu’offrent les surprises de la
sensation et du sentiment. Dans les moments les plus forts de la veille, nous
pouvons aussi être troublés par les merveilles sublimes et suggestives d’un
monde qui au premier regard semble pourtant compact et capable de résister aux
investigations les plus élémentaires. Rapprocher ces deux empires comme les
pôles électriques opposés d’une même création, trouver leur germe commun doit
bien aboutir à quelque chose, à condition que l’artiste le veuille ! Mais
le véritable artiste ne peut être que celui qui fait l’expérience de tout cela,
c’est-à-dire de notre être le plus personnel.

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