Die andere Seite

 

C’est à partir de la veille que nous évaluons le rêve ! J’ai plutôt envie de ne la considérer que comme un sommeil plus rigide et plus lumineux. Cet abîme qui semble sans fond et qui sépare les deux empires de la vie de notre âme est sans doute la source de tout ce qui arrive. Un être monstrueux et énigmatique s’y manifeste de façon créative. Ses profondeurs éternelles se déchirent et elles explosent en surface. Le rêve dispose d’une capacité de transformation des plus déconcertantes, et d’une richesse les plus exubérantes, la richesse qu’offrent les surprises de la sensation et du sentiment. Dans les moments les plus forts de la veille, nous pouvons aussi être troublés par les merveilles sublimes et suggestives d’un monde qui au premier regard semble pourtant compact et capable de résister aux investigations les plus élémentaires. Rapprocher ces deux empires comme les pôles électriques opposés d’une même création, trouver leur germe commun doit bien aboutir à quelque chose, à condition que l’artiste le veuille ! Mais le véritable artiste ne peut être que celui qui fait l’expérience de tout cela, c’est-à-dire de notre être le plus personnel.

Otto Dix : Nocturne
Alfred Kubin : Le Travail du dessinateur

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