Source : Les nouveaux visages de la possession démoniaque par Marie Renaud-Trémelot, édition du Cerf, préface de Marie-Hélène Brousse, postface de Jacques Arènes.
Le héros du Diable amoureux s’enferme dans un pentacle
magique et invoque Belzébuth. C’est alors que surgit une fenêtre baignée de
lumière par laquelle apparaît une horrible tête de chameau qui rugit un
tonitruant : « Che vuoi ? » « Que veux-tu ? »
Avec un sang-froid étonnant, le capitaine surmonte son horreur, c’est-à-dire la
passion qui l’a conduit là, et, abruptement, renvoie sa question au
diable qui s’en trouve du coup décontenancé : « Eh toi !
Que me veux-tu ? » Quelle impudence ! Mais quelle justesse
aussi, car c’est en effet le désir du diable, ce désir diabolique qu’il s’agit
d’interroger.
Ce refus de répondre d’Alvare par le renvoi de la
question au Diable assure le maintien de l’incommensurable asymétrie des
places, laissant fort à propos ouverte la question du désir. En effet, Lacan,
dans un de ses écrits, fait de l’œuvre même de Cazotte le paradigme du désir de
l’homme comme désir de l’Autre ? (Subversion du sujet et dialectique du
désir dans l’inconscient freudien) « C’est pourquoi, écrit-il, la question
de l’Autre qui revient au sujet de la place où il attend un oracle, sous le
libellé d’un Che vuoi ? que veux-tu ? est déjà celle qui conduit le
mieux au chemin de son propre désir par la voie démoniaque tonitruante.
« Vocifération de l’Autre à l’adresse du sujet, comme effet de retour de l’invocation, traduite par « qu’as-tu fait de ton désir ? » Ou : « que veux-tu de l’Autre ? » C’est bien là la question incessamment posée dans les pactes de façon bilatérale comme en écho.

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