Apocalypse 1.11

 

Ill. : Jugement dernier (1853) par John Martin. Texte : L’Apocalypse de Jean, traduite et commentée par Jean-Yves Leloup, éditions Albin Michel, collection Espaces libres, spiritualités vivantes, relecture septembre 2020-décembre 2025

L’expression « le jour du Seigneur » apparaît souvent dans la bibliothèque hébraïque ; elle désigne la présence de « Celui qui est l’Être qu’Il est », parmi les hommes dans le temps. C’est un jour de parousie, plénitude de la Présence, que Yohanan est emporté dans le Souffle. Il n’est pas seulement « ravi en esprit », comme certaines traductions de en pneumati le suggèrent, puisqu’il ne s’agit pas ici d’une extase mais d’une participation au Souffle (pneuma, en grec ; ruah, en hébreu) qui fait être et anime toute chose.

La voix et la parole qui l’inspire est semblable à celle du Shofar, que certains traduisent par « trompette » (salpinga) ; or, une trompette a un son aigu alors qu’au contraire le Shofar a un son grave. Le shofar est une trompe de bélier, dont il est question dans tous les livres bibliques lorzqu’il s’agit d’annoncer une nouvelle ou de sonner pour un rassemblement : « Il advint le troisième jour qu’il y eut des voix et des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne ainsi qu’une voix de Shofar très puissante… » (Ex 19, 16)

« Ce que tu vois, écris-le, fais-en un livre, envoie-le aux sept qui ont entendu l’Appel » (Apocalypse 1.11)

Yohanan inspiré par le Souffle, porté par la voix, devient capable de voir et il lui est demandé d’écrire, de faire un livre de cette irruption en lui de sons, de tempêtes et d’éclairs. Écrire un livre, réduire en mots sa grande éclaircie, les visions nocturnes de son exil, l’étreinte brûlante de sa parousie, un livre qu’il faut envoyer aux sept qui ont entendu l’Appel, sept communautés qui se sont rassemblées à l’appel de la Présence qui veut les conduire des ténèbres à la lumière, de la guerre à la paix : ceux qui sont à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée et partout ailleurs.