Rose holocauste

 

A rose is a rose. Pourquoi ce vers nous trouble-t-il ? C’est qu’il est le lieu d’une contradiction perverse. D’un côté, il dit de la rose qu’on ne peut rien dire qu’elle-même et qu’ainsi elle se déclare plus belle que si on la nommait belle, mais, d’autre part, par l’emphase de la réitération, il lui retire jusqu’à la dignité du nom unique qui prétendait la maintenir dans sa beauté de rose essentielle. La pensée, pensée de rose, résiste bien ici à tout développement, elle est même pure résistance ; on peut penser la rose, mais on ne peut rien se représenter à son sujet, pas même la définir

Maurice Blanchot : L’Entretien infini

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