Source : Les Secrets de Sodome par David Alliot, un siècle et demi d’homosexualité clandestine, éditions Plon.
Le 13 mais 1924, L’Écho national
annonce l’arrivée à Cherbourg du prince Félix Yossoupov et de sa femme Irène de
Russie, qui, après une longue errance à travers plusieurs pays d’Europe,
viennent s’installer définitivement en France, à l’instar de nombreux
aristocrates russes qui les avaient précédés, fuyant la révolution
bolcheviques.
Contrairement à beaucoup d’autres, ce
prince russe n’était pas un inconnu pour l’opinion publique française. Né le 11
mars 1887 à Saint-Pétersbourg, Félix Yossoupov était le descendant d’une des
plus illustres familles aristocratiques de son pays natal. Son mariage avec la
princesse Irène Alexandrovna Romanov, la propre nièce du tsar Nicolas II, en
fera un familier de la Cour impériale. Ultime rejeton d’une famille
extraordinairement riche, plus riche que le tsar selon la légende, Félix
Yossoupov était considéré, avant la Grande Guerre, comme « le meilleur
parti d’Europe. » Sa fine silhouette et son visage gracieux, quoique
androgyne, ne laissaient pas insensibles les femmes comme les hommes.
Sur la question des mœurs justement,
le prince Yossoupof avait des pratiques pour le moins « originales »
à la cour de Nicolas II. Ouvertement bisexuel, il se maquillait et se
travestissait régulièrement en femme, avant de paraître ainsi habillé dans les
bals mondais de Saint-Pétersbourg, causant régulièrement des scandales,
heureusement camouflés à l’opinion publique par une censure aussi efficace
qu’implacable.
Mais si le prince Félix Yossoupov était très célèbre en Europe, c’était surtout pour sa participation à l’attentat qui tua le moine Raspoutine, dans la nuit du 29 au 30 décembre 1916, dont l’élimination eut lieu dans son propre palais de Petrograd. Après la révolution d’Octobre, comme nombre de ses compatriotes, le Prince prit le chemin de l’exil, emportant or, diamants, bijoux, tableaux, etc. qui ne représentaient qu’une infime partie de son immense fortune passée.

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