Tant que nous vivons en ce monde, il ne peut être
question que la foi soit notre état permanent. L’homme a besoin de répit. Il a
besoin de respirer et de dire : « Ah, que je me sens bien ! Ah,
que c’est merveilleux ! » Il lui faut une fermeté, des règles, un sol
sous ses pieds, et du fait que, depuis des temps immémoriaux, l’homme ait pris
l’habitude de penser que là où il se sent bien, là où le lendemain est assuré,
garanti, là est également l’ultime vérité, le bien éternel hors des atteintes
du temps, on a donné le grand nom de foi à ce genre d’états d’âme. Ils
cherchent à s’accorder avec notre connaissance et notre raison afin de
construire, par les efforts conjugués de la foi, de la connaissance et de la
raison, une digue solide autour de la pauvre vie humaine, proie de toutes
espèces de hasard.
Léon Chestov : L’Homme pris au piège

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