Perdurabo

 

Ill. : Piero della Francesca. Texte : Le Livre rouge, Liber novus, par Carl Gustav Jung, édition établie, introduite, et annotée par Sonu Shamdasani, préface d’Ulrich Hoerni, éditions L’Iconoclaste, La Compagnie du Livre rouge.

— Il n’est pas l’heure pour toi de dormir, mais celle de veiller et de préparer, au cours d’un travail nocturne, des choses importantes. La grande œuvre va commencer.

— Quelle grande œuvre ?

— Celle qui doit être accomplie maintenant. Une œuvre vaste et difficile. Pas le temps de dormir si, pendant ta journée, tu ne trouves pas le temps de t’occuper de cette œuvre.

— Mais je ne savais pas que pareille chose était en marche.

— Tu aurais dû t’en rendre compte puisque cela fait longtemps que je trouble ton sommeil. Cela fait trop longtemps que tu es inconscient : à présent, il te faut atteindre à un échelon de conscience supérieure. Tout t’attend et toi, tu restes muet, et tu n’as rien à dire

— Je suis prêt. Qu’en est-il ? Parle...

— Écoute donc. Ne plus être un chrétien est facile. Autre chose va advenir. Tout t’attend. Et toi, tu restes muet et tu n’as rien à dire. Il faut pourtant que tu parles ; Pourquoi as-tu reçu une révélation ? Tu n’as pas le droit de la garder pour toi. Tu te préoccupes de la forme ? La forme a-t-elle jamais eu une importance quand il s’agit de révélation ?

— Tu ne veux quand même pas dire que je dois publier ce que j’ai écrit ? Ce serait un désastre et qui pourrait comprendre ?

— Tu ne dois pas rompre ton union avec moi. Je te sers, toi et ta vocation. Je pourrais tout aussi bien dire que tu es le premier sur la liste, mais c’est ta vocation qui est la première.

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