Maïmonide le disait à sa façon, ou plutôt, de diverses
façons. D’abord, affirmait-il, les anges ont des « ailes » qui sont,
en même temps, des « voiles » : ils volent et ils se voilent,
seuls les prophètes peuvent les voir face à face, et cela sous une forme que
Maïmonide qualifiait d’imaginative. Parce que les anges battent des ailes,
disait-il encore, ils ne cessent d’apparaître et de disparaître rythmiquement,
« parce que l’oiseau, dans un très court espace de temps, tantôt se montre
et tantôt se dérobe, tantôt s’approche et tantôt s’éloigne. » L’ange est
donc un être d’air ou un être d’aura : s’il faut le comprendre comme un
« petit messager », c’est parce qu’il a la puissance de révéler aux
humains par « faculté imaginative » ce qu’il en est des
« visions prophétiques. » Voilà pourquoi il est à la fois
« feu » (éclair) et « nuée » (voile) mais aussi le porteur
par excellence du « nom » divin. Plus on avance dans le Guide des
égarés, plus on retrouve précisée cette notion de l’ange comme médium de la
vision prophétique.
Georges Didi-Huberman : Les Anges de l’Histoire, images des temps inquiets

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