« Ne me prenez pas pour un autre »

 

Le trait fondamental de la vérité de Nietzsche, c’est qu’elle ne peut être que mal entendue, objet d’une méprise sans fin. « Avant tout, dit Nietzsche, ne me prenez pas pour un autre. » « On a coutume, je l’avoue, de me prendre pour un autre. Ce serait me rendre grand service que de me défendre contre de telles méprises. » Mais il ne suffit pas de voir cette confusion pour l’éclaircir : la confusion infinie fait partie de son existence. Sans elle, sans l’ambiguïté qui constamment nous rend inconnu ce que nous croyons connaître, il ne resterait que de ce grosse Zweideutige, de cette grande figure à double sens, que ce qu’elle a voulu faire.

Maurice Blanchot : La Part du feu

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