« Mieux vaut penser à rien que de ne rien penser du tout »

 

Que la littérature soit illégitime, qu’il y ait en elle un fond d’imposture, oui, sans doute, mais certains ont découvert davantage : la littérature n’est pas seulement illégitime, mais nulle, et cette nullité constitue peut-être une force extraordinaire, merveilleuse, à la condition d’être isolée à l’état pur. Faire en sorte que la littérature devînt la mise à découvert de ce dedans vide, que tout entière elle s’ouvrît à sa part de néant, qu’elle réalisât sa propre irréalité, c’est là une des tâches qu’a poursuivies le surréalisme, de telle manière qu’il est exact de reconnaître en lui un puissant mouvement négateur, mais qu’il n’est pas moins vrai de lui attribuer la plus grande ambition créature, ce que la littérature coïncide un instant avec rien, et immédiatement, elle est tout, le tout commence d’exister : grande merveille.

Maurice Blanchot : La Part du feu

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