Source : Le Livre rouge, Liber novus, par Carl Gustav Jung, édition établie, introduite, et annotée par Sonu Shamdasani, préface d’Ulrich Hoerni, éditions L’Iconoclaste, La Compagnie du Livre rouge.
C’est dans la crainte et le tremblement, en regardant
avec méfiance autour de vous, que vous devez aller dans les profondeurs, et n’y
allez pas seul : à deux ou à plusieurs, la sécurité est plus grande, car
les profondeurs sont emplies de meurtre. Assurez-vous aussi du chemin de repli.
Allez avec prudence, comme si vous étiez des lâches, afin d’arriver devant les
assassins des âmes. Les profondeurs voudraient vous avaler complètement et vous
étouffer dans la vase.
Qui va en enfer devient aussi l’enfer, aussi n’oubliez
pas d’où vous venez. Les profondeurs sont plus fortes que nous ; soyez
donc sensés et non des héros, car rien n’est plus dangereux que d’être un héros
à ses propres yeux. Les profondeurs voudraient nous retenir, il en est trop
déjà qu’elles n’ont pas rendus, c’est pourquoi les hommes ont fui les
profondeurs et leur ont fait violence.
Et si à présent, à la suite de l’acte de l’acte de
violence, les profondeurs s’étaient transformées pour devenir la mort ? Or
les profondeurs sont devenues la mort : c’est pourquoi elles ont provoqué
des milliers de morts lorsqu’elles se sont éveillées. Nous ne pouvons abattre
la mort, car nous lui avons déjà pris toute vie. Si nous voulons encore
triompher de la mort, il nous faut lui donner vie.
Aussi, prenez encore pour votre route des coupes d’or emplies du doux élixir de vie, de vin rouge, et faites-en don à la matière morte, afin qu’elle reprenne vie. La matière morte se transformera en serpent noir. Ne craigniez point, le serpent éteindra aussi tôt le soleil de votre jour et une nuit parsemée d’étranges feux follets viendra sur vous.

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