Type Otto Negative

 

Source : Les Hermaphrodites par Michel Foucault, texte établi par Henri-Paul Fruchaud et Arianna Sforzini, préface d’Arianna Sforzini, postface d’Éric Fassin, éditions Gallimard, collection Bibliothèque des Histoires.

Parallèlement à cette pratique juridique, qu’on pourrait dire « libérale », puisque l’hermaphrodite « choisit » librement son sexe, Foucault constate la prégnance d’une autre perception de l’hermaphrodite repérée cette fois dans les textes de médecins (Ambroise Paré, Ludovicus Mercatus, Jean Riolan)

Loin de la neutralité juridique, l’hermaphrodite y est décrit comme un « monstre » une qualification qui renvoie pour la période étudiée (Moyen Âge et Renaissance) à un noyau de sens assez précis. Il ne s’agit pas seulement de dénoncer des difformités repoussantes ou des déviations effrayantes, mais surtout de dénoncer un « mélange. » Le monstre bestial par exemple confond animalité et humanité, le siamois amalgame deux individus dans un seul corps et l’hermaphrodite entremêle les deux sexes.

Ce qui est monstrueux, c’est le mélange de ce qui devrait rester séparé et cette mixité apparaît comme une « transgression », une « infraction » tout à la fois aux partages naturels, aux lois de la cité et aux volontés de Dieu. La leçon du 22 janvier 1975 insiste par exemple sur l’idée que, à la différence de « l’infirme », le « monstre » présente une « irrégularité naturelle » qui suppose une violation de la loi civile ou religieuse et n’est donc pas une catégorie résorbable dans le fonctionnement du droit en tant qu’exception à la règle prévue.

Plutôt que de retrouver à travers des rêveries littéraires ou picturales l’utopie poétique d’une anatomie bisexuelle, témoignant d’un âge d’innocence d’avant la séparation des sexes, Foucault préfère insister sur l’effroi provoqué par cet être qui confond et trouble en lui les natures du féminin et du masculin.

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