Source : Les Racines de la conscience par Carl Gustav Jung, présentation par Michel Cazenave, publié sous la direction du Dr Roland Cahen, éditions Buchet/Chastel, collection Références
La tradition rabbinique tient les téraphim pour avoir
été à l’origine soit une tête ou un crâne humain coupé, soit une tête
artificielle. On avait les téraphim chez soi comme des sortes de pénates (une
pluralité, de même que les Lares et les Cabires) L’idée qu’ils devaient être
une tête se réfère à 1 Samuel XIXI, 13, où l’on décrit la manière dont Michal,
femme de David, plaça les téraphim dans le lit de son mari, pour tromper les
émissaires de Saül : « Michal prit le téraphim, elle le plaça sur le
lit, mit à son chevet une tresse en poil de chèvre et le couvrit d’un
vêtement. »
L’expression « tresse en poil de chèvre » est
obscure dans le texte hébreu et a même fait interpréter le tréaphim comme un
« bouc » mais on devrait peut-être pensé plutôt à une perruque, ce
qui conviendrait mieux à un homme allongé dans un lit. Cette interprétation
repose encore un autre argument, indiqué dans une légende.
Celle-ci provient d’un recueil de Midrashs du 13e
siècle, et elle figure dans un livre de M. I. Bin Gorion : « Les
téraphim étaient des idoles que l’on obtenait de la façon suivante : on
coupait la tête à un homme qui devait être un premier-né et on lui arrachait
les cheveux, puis la tête était saupoudrée de sel et ointe d’huile. Puis, on
prenait une tablette de cuivre ou d’or sur laquelle on écrivait le nom d’une
idole et on la mettait sous la langue de la tête coupée. La tête était placée
dans une salle ; on allumait des cierges et on s’inclinait devant elle, et
il arrivait que, tandis qu’on se tenait prosterné devant elle, la tête se
mettait à perler et répondait à toutes les questions qu’on lui posait. »
Il s’agit manifestement d’un rite parallèle à celui des
Harraniens. Les cheveux arrachés paraissaient importants, car ils sont l’équivalent
de la chevelure scalpée ou rasée, et par la suite, du mystère de la
renaissance. Il n’est pas impensable que le crâne chauve ait été ensuite
recouvert d’une perruque à l’occasion d’un rite de renouvellement comme on le
rapporte également chez les Égyptiens…
Cette idée remonte vraisemblablement à la tête d’Osiris séparée des autres parties de son corps, qui avait traversé la mer et qui, pour cette raison sans doute, était mise en relation avec la résurrection. Dans l’alchimie postérieure, la « tête d’Osiris » joue également un rôle.

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