Ces pâles jeunes filles ne sont pas vaccinées contre le
mariage. Bien au contraire, en dépit de leur évanescence et de leur
indifférence, ou peut-être à cause d’elles, elles sont très cotées sur le
marché matrimonial. Avant tout, elles sont si vides qu’un homme peut supposer
en elles absolument tout ; en outre, elles sont si inconscientes que
l’inconscient étend à partir d’elles d’innombrables antennes, pour ne pas dire
d’invisibles tentacules et suce toutes les projections masculines, ce qui plaît
aux hommes au-delà de toute mesure. Une si grande indétermination féminine est
en effet la contrepartie désirée de la détermination et du caractère univoque
de l’homme, qui ne peuvent s’installer d’une façon satisfaisante que si l’on
est en mesure de rejeter tout ce qu’il y a de douteux, d’équivoque, d’imprécis
et de trouble en le projetant sur une délicieuse innocence féminine… Cette
sorte de femme exerce un remarquable effet d’allégement sur son mari, jusqu’au
jour où il découvre qui il a épousé et avec qui il partage le lit
conjugal : la belle-mère !
Carl Gustav Jung : Les racines de la conscience

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