Source : La Rédemption par le péché par Gershom Scholem, éditions Allia
Frank n’était pas un penseur spéculatif, mais il avait
le génie des formules concrètes, des images à la fois simples et émouvantes,
des tournures symboliques promptes à éveiller l’imagination.
En dehors de la pensée nihiliste qui les irrigue et
leur confère leur spécificité, ses « enseignements » réunis dans les
Paroles du Seigneurs ressemblent finalement beaucoup à ceux de nombreux justes
issus du mouvement hassidique. Dans cette âme tyrannique, on trouve aussi
malgré tout un esprit poétique caché, dont les accents surprennent d’autant
plus lorsque l’on connaît la grossièreté habituelle de son langage.
Comme ses prédécesseurs, l’historien de Frank,
Alexander Kraushar, souligne le caractère inepte, verbeux et obscur de ses
propos, mais il reconnaît également, bon gré mal gré, que ceux-ci ne sont pas
dénués par moments d’élan et d’imagination.
Quant à moi, qui considère le mouvement frankiste dans
une optique très éloignée de celle de Kraushar, je m’interroge : si une
personne parvient à comprendre ce verbiage — mais en vérité, loin d’être une
suite de propos décousus et insignifiant, ces écrits sont parfaitement
intelligibles — et si cette personne est ouverte d’esprit, peut-elle lire les
nombreux extraits des Paroles du Seigneur qui ont été publiés par Kraushar sans
être véritablement émue ?
Mais combien ont pris la peine de les lire ?

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