Matthieu 11:15

 

Source : La Rédemption par le péché par Gershom Scholem, éditions Allia

Frank n’était pas un penseur spéculatif, mais il avait le génie des formules concrètes, des images à la fois simples et émouvantes, des tournures symboliques promptes à éveiller l’imagination.

En dehors de la pensée nihiliste qui les irrigue et leur confère leur spécificité, ses « enseignements » réunis dans les Paroles du Seigneurs ressemblent finalement beaucoup à ceux de nombreux justes issus du mouvement hassidique. Dans cette âme tyrannique, on trouve aussi malgré tout un esprit poétique caché, dont les accents surprennent d’autant plus lorsque l’on connaît la grossièreté habituelle de son langage.

Comme ses prédécesseurs, l’historien de Frank, Alexander Kraushar, souligne le caractère inepte, verbeux et obscur de ses propos, mais il reconnaît également, bon gré mal gré, que ceux-ci ne sont pas dénués par moments d’élan et d’imagination.

Quant à moi, qui considère le mouvement frankiste dans une optique très éloignée de celle de Kraushar, je m’interroge : si une personne parvient à comprendre ce verbiage — mais en vérité, loin d’être une suite de propos décousus et insignifiant, ces écrits sont parfaitement intelligibles — et si cette personne est ouverte d’esprit, peut-elle lire les nombreux extraits des Paroles du Seigneur qui ont été publiés par Kraushar sans être véritablement émue ?

Mais combien ont pris la peine de les lire ?

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