« Das Schicksal mischt die Karten, und wir spielen »

 

Il y a bien quelque chose qui existe et qui s’appelle le destin : celui-ci désigne, non pas le caractère inévitable de ce qui arrive, mais son caractère imprévisible. Il est en effet un destin indépendant de toute nécessité et de toute prévisibilité, indépendant donc de toute manifestation oraculaire quoique en un certain sens l’oracle l’annonce à sa façon, et c’est le destin de l’homme comme de toute chose existante. La signification de ce destin apparemment paradoxal, puisqu’il est étranger à la notion de nécessité qui semble pourtant la principale sinon la seule assise, est liée à une notion exactement inverse : à la certitude de l’imprévisibilité. Mais c’est justement de cette certitude-là que parle, à mots couverts, la littérature oraculaire. On sera toujours certain d’être surpris, on pourra toujours s’attendre de pied ferme, à ne jamais pouvoir s’attendre à.

Clément Rosset : Le Réel, traité de l’idiotie

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