Si le gnostique ne s’était pas identifié avec le Soi,
il aurait dû voir de quelle obscurité il est composé, ce que l’esprit de
l’homme moderne commence à discerner, intuition qui ne va pas sans créer les
peines qu’elle comporte. Le gnostique est même plus près d’admettre qu’il est
bel et bien un homme du diable, plutôt que de croire que son Dieu pourrait se
servir de manifestations contradictoires. Malgré toutes les conséquences
fâcheuses de sa fatale inflation, le gnostique a acquis une intelligence de la
psychologie religieuse, une intuition religieuse dont nous avons encore à
apprendre. Il a plongé un regard profond dans l’arrière-plan du christianisme,
et, par suite, dans ses développements à venir. Ceci est relié au fait que,
grâce à son mariage avec la gnose chrétienne, il représente un phénomène
chrétien de réception qui tenté d’intégrer le message chrétien à l’esprit de
son époque.
Carl Gustav Jung : Les Racines de la conscience

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