« Ce monde est un système de choses invisibles manifestées visiblement »

 

Tous les rêves, naturels ou magnétiques, de l’œuvre de Hoffmann ont ce même sens : ils révèlent moins les ombres mal connues de l’individu, les retraites des pensées étouffées, que la présence momentanée et bouleversante d’une réalité innommée, ineffable, qui envahit notre être. Les spectres hoffmanniens, ceux des songes, comme ceux qui se mêlent à la vie des humains, surgissent d’un espace inconnu où ils résident et pénètrent dans notre monde, avec l’air étrange des habitants de contrées lointaines. Leur regard, leur démarche, la singularité burlesque ou terrifiante de leur conduite trahissent des usages qui ne sont pas d’ici, mais qui doivent paraître tout simplement dans le « Pays sans nom » où ils résident habituellement.

Jaya Suberg : Sans titre
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