Tous les rêves, naturels ou magnétiques, de l’œuvre de
Hoffmann ont ce même sens : ils révèlent moins les ombres mal connues de
l’individu, les retraites des pensées étouffées, que la présence momentanée et
bouleversante d’une réalité innommée, ineffable, qui envahit notre être. Les
spectres hoffmanniens, ceux des songes, comme ceux qui se mêlent à la vie des
humains, surgissent d’un espace inconnu où ils résident et pénètrent dans notre
monde, avec l’air étrange des habitants de contrées lointaines. Leur regard,
leur démarche, la singularité burlesque ou terrifiante de leur conduite
trahissent des usages qui ne sont pas d’ici, mais qui doivent paraître tout
simplement dans le « Pays sans nom » où ils résident habituellement.
Jaya Suberg : Sans titre
Albert Béguin : Le romantisme allemand et la
poésie française

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