Ill. : à partir de 8.02 : There can never be too many outfit changes. Texte : Maurice Sachs, le désoeuvré par Thomas Clerc, éditions Allia, relecture octobre 2005-août 2025
Ce qui lui plaît dans la prêtrise, c’est la
soutane ; chez les communistes, c’est le bleu de travail ; chez un
flic, c’est l’imper.
Acteur par l’infini des défroques, espion par vertige
de l’anonymat, toute mise le rassure, qui lui donne la possibilité d’exister au
vu de tous ou de disparaître dans les plis d’un déguisement légal. Jouir d’être
un autre, jouir de n’être personne, quelle différence ? Au collège, il dit
porter avec plaisir l’uniforme obligatoire ; au Bœuf sur le toit, il
surclasse l’assistance par sa tenue, dont il conservera quelques attributs dans
la déchéance ; au séminaire, il implore de pouvoir doubler sa soutane d’un
crêpe rose. Le vêtement du bagnard sera sa dernière toilette.
Sachs ne se cachait pas derrière ces panoplies. Le « moi véritable » de Sachs n’existe pas (c’est la raison pour laquelle la vérité l’obsède), il se crée à chaque nouvelle incarnation. Essayant un costume (il les aura tous enfilés) il en quitte un autre, seulement fidèle à sa devise : variété, plasticité. Ce Frégoli troque la dialectique usée de l’être et de l’essence contre un système transformiste qui fait jouer les pièces de son habit les unes contre les autres. Écrivain démodé pour avoir voulu coller à tout, Sachs est paré d’une collection permanente de figures de style.

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