Le rêve, c’est d’abord ce que l’on entend le plus
couramment : les images du sommeil, mais ces images constituent une autre
vie, pleine de menaces et d’attraits dans laquelle nous échappons aux
conditions terrestres ; et ce que nous pouvons y percevoir dès à présent,
c’est la préfiguration de la vie éternelle. Seulement, pour que les abîmes
inférieurs prennent cette exceptionnelle portée, il faut en forcer les
portes ; car, dans notre état habituel, ce monde, que nous appellerions
aujourd’hui celui de l’inconscient, ne nous apparaît pas dans toute sa pureté.
L’inattention ou le désordre d’esprit, poursuit Nerval, faussent les rapports
des deux réalités, et ainsi s’explique la bizarrerie de certains
tableaux, semblables à ces reflets grimaçants d’objets réels qui s’agitent sur
l’eau troublée.
Albert Béguin : Gérard de Nerval

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