À la lecture des Métamorphoses de l’âme et ses
symboles, on pourrait dire que Jung croit en l’existence d’une divinité
cosmique, semblable au dieu indien Shiva qui porte en lui simultanément la
force de la création et la force de la destruction. De cette façon, il croit
échapper au dualisme ontologique en se fiant à une seule divinité qui incarne
tout à la fois le Bien et le Mal. Par sa thèse sur le « principe du
Mal » naturel potentiellement destructeur, Jung se rapproche, selon la
remarque d’Irene Beck, de l’éthologue Konrad Lorenz, surtout des idées
exprimées dans son livre Une Histoire naturelle de l’agression. Selon la
conception de Lorenz, qui n’est pas loin de celle de Jung, l’agressivité est
chez l’homme, comme chez l’animal, un instinct qui appartient aux lois
immanentes qui précèdent la détermination humaine de la liberté. L’agressivité
n’est pas par elle-même une force destructice ou si elle l’est, dans le cas de
l’animal, elle ne l’est que dans la mesure où elle est utile à la préservation
de l’espèce. Bien évidemment, Lorenz accepte l’opinion des sociologues qui,
même lorsqu’ils sont d’accord avec sa thèse sur l’instinct d’agressivité,
insistent sur l’hypertrophie de cet instinct chez l’homme due à des rapports
sociaux tortueux, ce qui ne fait que confirmer l’existence de la liberté
humaine et la possibilité de la libre décision de l’home sur le cours et
l’aboutissement de son instinct sexuel d’une part, et de l’éventuel instinct
d’agressivité d’autre part. Jung serait certainement d’accord avec cette
position.
Vladeta Jerotić : Jung entre Orient et Occident

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