Retour sur image est le troisième épisode
de la première saison de la série Black mirror. Dans cette société de la
transparence, chacun porte derrière l’oreille un implant qui stocke
intégralement tout ce qu’il voit et ce qu’il vit. Tout ce que l’on a vécu et
perçu peut ainsi être restitué sans faille sur les yeux ou sur des moniteurs
externes. Lors des contrôles de sécurité à l’aéroport, par exemple, on est
invité à rejouer des événements pendant un laps de temps déterminé. Il n’y a
plus de secret. Il est impossible aux criminels de dissimuler leur crime.
L’homme est comme prisonnier de ses souvenirs. Si tout ce qui a été vécu peut
être répété, aucune remémoration à proprement parler n’est possible.
La remémoration n’est pas une répétition mécanique du vécu, mais une narration que l’on doit constamment réitérer. Les souvenirs sont nécessairement lacunaires. Ils supposent proximité et distance. Si tout ce qui a été vécu est présent sans distance, c’est-à-dire disponible, le souvenir disparaît. Une restitution sans faille du vécu n’est pas non plus un récit, mais un rapport ou un procès-verbal. Qui veut raconter ou se souvenir doit pouvoir oublier ou omettre beaucoup de choses. La société de transparence signifie la fin du récit et du souvenir.
Aucun récit n’est transparent. Seules
les informations et les données le sont. Retour sur image s’achève sur la scène
où le protagoniste extrait son implant à l’aide d’une lame de rasoir.
Byung-Chul Han : La Crise dans le récit

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