Source : Maurice Sachs, le désoeuvré par Thomas Clerc, éditions Allia, relecture octobre 2005-août 2025
Pendant un an, Sachs vendit à prix d’or ses passions à
l’Amérique, sous forme de conférences dont personne n’a gardé trace. Sachs
fût-il le plus grand orateur du monde ?
Elève d’une prestigieuse école bilingue, parfaitement
bilingue lui-même, il a pu déporter le bavardage de ses livres dans l’espace
plus adéquat et plus rentable de la conférence. Il y fait des merveilles, lui
dont l’histrionisme ne demande qu’à s’actualiser dans la parole, son instrument
de prédilection, son talent véritable.
Maurice Sachs conférencier, ou la causerie portée au
rang d’œuvre involontaire, d’imposture in situ. Capable de répondre à un
auditeur qui l’interroge sur le prix du blé au Japon, il prouve qu’être vrai
c’est être vrai au moment où l’on parle. Il en va de la conférence comme de la
performance, elle dépend autant de son contexte que de son contenu.
En Amérique, son image publique est vierge. Séduisant, il jouit de la bienveillance préalable de son auditoire, alors qu’il n’a rien à dire. Pour une fois, Sachs is the right man in the right place. Il a trouvé sa vox, son vrai maître. Plus tard, il travaillera à la radio française pour les Américains, avant d’offrir son timbre aux Allemands.

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