« N’aie pas peur, c’est comme une lente soirée d’été »

 

Dans une interview, Paul Virilio mentionne une courte nouvelle de science-fiction qui raconte l’invention d’une caméra minuscule. Elle est tellement petite et légère qu’elle peut même être transportée par des flocons de neige. Ces caméras sont massivement mêlées à de la neige artificielle et larguées depuis des avions. Les gens se disent : il neige. En réalité, le monde est littéralement contaminé par les caméras. Il devient totalement transparent. Rien ne reste caché. Il n’y a plus de points aveugles. À la question de savoir de quoi nous pourrions rêver si tout devenait complètement transparent, Virilio répond : « Nous rêverons d’être aveugles. » Il n’existe pas de récit transparent. Tout récit suppose mystère et enchantement. Seule une cécité rêvée nous libérerait de la transparence et nous redonnerait la capacité de tout raconter.

Byung-Chul Han : La Crise dans le récit

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