Les grandes
figures grecques ont une tendance nette à se forger, dès leur vivant, leur
propre mythe : Empédocle offre un exemple illustre. La tradition
postérieure renchérit sur cette aspiration et leur attribue des morts qui
expriment leur destinée : quelquefois, elle suit le sens originel,
d’autres fois elle commet des contre-sens. N’a-t-on pas dit d’Empédocle qu’il
se précipita dans l’Etna, afin qu’on le crût Dieu ? La vérité profonde qui
se manifeste parfois dans le le fait que l’homme exprime par sa mort le sens de
sa vie, se trouve souvent trop facilement mythisée. Ainsi en fut-il avec les
versions de la mort d’Héraclite : le nombre d’années qu’il aurait vécu mérite
d’être interprété : il serait mort à soixante ans. Nous savons que trente
ans de vie humaine constituent une « génération » selon lui ;
son siècle de vie embrasse donc deux générations, une première qui lui est
propre et une autre, qui succède et se surajoute.
Kostas Axelos : Héraclite et la philosophie

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