Ce n’est peut-être pas un hasard si l’idéal de
« l’homme vrai » n’est autre, dans la philosophie solovovienne, que
le renouvellement de la biologie humaine dans une figure qui ne serait pas loin
d’inquiéter nos conservateurs actuels : l’androgyne. En effet, la
transformation de la nature, ce moment où elle retrouve son harmonie grâce à
l’homme, lorsque toutes les puissances sur terre se conjuguent en un seul tout
organique, implique non seulement de gagner biologiquement l’immortalité, mais
encore de supprimer la division biologique entre les sexes, dans un couple
devenu sujet à part entière. « Dans la réalité empirique, écrivait
Soloviev, l’humain en tant que tel n’existe absolument pas. » Dans cette
réalité empirique que l’on connaît et qui n’est pas la Vrai, « l’homme
n’existe que dans un état déterminé de limitation unilatérale, comme individualité
masculine ou féminine (et c’est sur cette base que se développent toutes les
autres différences), différences qui sont autant de limites néfastes.
« Car l’homme véritable, affirme Soloviev, l’homme dans la plénitude de sa
personnalité idéale, ne peut évidemment pas n’être qu’homme ou femme. » Il
doit être « l’unité supérieure de l’un ou l’autre sexe. » De quoi
parle-t-il ? De « créer l’humain véritable comme unité libre des
principes masculin et féminin », de créer, selon son propre terme,
l’ « androgyne »
Rambert Nicolas : Kojève et la philosophie russe

c'est très woke
RépondreSupprimerC'est très glamour
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