Source : Au commencement était la guerre par Alain Bauer, éditions Fayard, collection Choses vues
Comme le
choléra, la gale, ou la peste refont leur apparition dans toutes les régions où
la concentration humaine excède les moyens de la civilisation, les horreurs de
la guerre ont rendu précaire cette paix que l’on croyait inexpugnable. Libérée
de toute autre considération qu’elle-même, la guerre semble poursuivre sa
courbe exponentielle de destruction, dans un mouvement strictement inverse à
celui qu’avaient anticipé la plupart des gouvernements des démocraties
occidentales.
Là où ils
avaient cru pouvoir mener la guerre à distance, elle fait resurgir les armes de
mêlées. Où ils avaient imaginé la transformation du vieux front continu en un
archipel d’objectifs stratégiques disputés par des drones et des commandos, des
milliers d’hommes s’affrontent dans des positions retranchées, séparées par
moins d’une centaine de mètres comme un Verdun dont on ne pourrait jamais être
débarrassé. Où ils avaient cru, dans ce qui s’apparente à un transhumanisme
stratégique, avoir dépassé la question de la létalité en convertissant le coût
humain en coût technologique, ils faut à nouveau compter les morts,
innombrables. Où ils avaient supprimé la conscription comme une vieillerie inutile
et dépassée, la précarité d’une armée de métier, dès lors qu’elle est engagée
dans un conflit long et difficile, sur des fronts multiples apparaît.
Une nouvelle géopolitique de nouveaux blocs, dont la ligne de partage, selon la formule de Marc Semo, « se serait déplacée de 2000 kilomètres à l’Est de celle dénoncée par Winston Churchill. » Pour le dire brutalement, là où les Occidentaux avaient cru sous-traiter la guerre à la technique, celle-ci revient sous sa forme la plus ancienne et la plus virulente : humaine trop humaine.
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