Cette beauté que
tu aimes n’est que le fantôme de ce « reliquat », de ce surplus qui
demeure de l’âme humaine une fois faite la part, dévorante, de la connaissance.
Ce n’est que le fantôme de cet autre moyen dont tu parlais, de rendre la vie
supportable. On peut aller jusqu’à dire qu’une telle chose n’existe, en fait,
pas. Mais ce qui donne tant de force à l’illusion, ce qui lui confère un tel
caractère de réalité, c’est précisément la connaissance. Du point de vue de la
connaissance, jamais la Beauté n’est consolation. Ce peut être une femme, ce
peut être une épouse, ce n’est jamais une consolation. Cependant, du mariage de
la connaissance et de cette beauté, quelque chose naît. Quelque chose
d’éphémère, de pareil à une bulle de savon, à quoi on ne peut absolument rien.
Oui, quelque chose naît ; et c’est ce que les gens appellent l’Art.
Yukio Mishima : Le Pavillon d’or

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