« J’aurais trop peur que ce soit un Belge »

 

Fait étrange : cet acte qui, sur le moment, n’avait pas éveillé en moi le moindre sentiment de culpabilité, piétiner une femme enceinte, se mit, dans mon souvenir à briller d’un éclat de plus en plus vif. Non pas seulement parce que je savais qu’il en était résulté, pour la fille, une fausse couche, mais mon acte avait laissé comme un dépôt de poussière d’or au fond de ma mémoire ; il lançait maintenant des traits de feu qui, à tout instant, m’éblouissaient. Oui, l’éclat du Mal… Se fut-il agi d’une simple bagatelle, maintenant, c’était fait : j’avais très clairement conscience d’avoir commis le mal, et cela était accroché au-dedans de ma poitrine, comme une décoration.

Yukio Mishima : Le Pavillon d’or

Commentaires