Que viennent faire tant de gens sur une ligne de
front ? Qu’est-ce qui les motive à suivre un chef autrement que
l’hallucination ? Une situation limite dont l’effectivité est purement
imaginaire débouchant sur la mort bien réelle des êtres, torturés sous l’injonction
d’étranges bourreaux, aux commandes de machines à tuer tout droit sorties d’un
cauchemar.
L’imaginaire y découvre ses excès, sa frontière, sa
matérialisation négative, mais pour le moins révélatrice du fonctionnement de
l’image devenue folle. L’imagerie de la guerre est portée en effet par la
rencontre du jamais-vu, de l’étranger, de l’autre, d’une vision qui n’est pas
la nôtre, portée par la peur, la difficulté de percevoir au loin ses
protagonistes, leur prêtant des intentions qu’ils n’ont pas.
Le flash nucléaire est peut-être déjà annoncé dans la
vision panoptique qui traverse La Guerre de Troie et se poursuit jusqu’à
La Guerre des mondes. Et il faut le panorama des armées, voir grouiller
une fourmilière humaine, délirante en soi, imaginer un cheval de bois qui se
glisse de nuit dans une forteresse, ou encore un vaisseau bizarre qui sorte de
l’espace semblable à un os lancé en l’air.
Jean-Clet Martin : Nouvelles méditations métaphysiques

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