Quand, à partir d’une querelle, c’est-à-dire d’une
confrontation d’opinions opposées (la thèse et l’antithèse) est engendrée une
nouvelle opinion, qui en est l’union, alors elle est, en principe, supérieure,
ou meilleure qu’elles. En effet, celui qui affirme l’une des deux opinions
opposées ne connaît ni l’opinion « antithétique » opposée, ni
l’opinion « synthétique » les réunissant. C’est pourquoi il n’a, pour
ainsi dire, pas le choix. En revanche, celui qui connaît le « résultat de
la querelle », c’est-à-dire le résultat de cette vérification mutuelle des
opinions opposées, connaît non seulement les deux opinions en question, mais
aussi ce qui n’est pas pleinement contenu dans l’une ou l’autre. C’est pourquoi
il est capable de faire un choix conscient et fondé. Dès lors, s’il choisit
l’opinion synthétique, c’est justement parce qu’elle est meilleure, plus large,
plus profonde, etc, que les deux premières opinions, c’est-à-dire celles qui ne
sont pas « sublimées dialectiquement » parce que
« sublimée » signifie dans le cas présent « élevées » de
façon effective.
Alexandre Kojève : Sophia I
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