Nous sommes des êtres pour la mort, dit Heidegger. Nous
vivons dans un temps orienté par la certitude de la mort ultime. Le mot « elpis »
en grec désigne cette attitude d’attente, pas forcément passive, qui
caractérise l’humanité. S’il en va bien ainsi, ce qui reste au fond de la jarre
de Pandore n’est pas contraire à tous ces maux qui s’en sont envolés et
dispersés parmi les pauvres humains, c’en est plutôt le résumé. Ou, dans des
termes anachroniques, la conscience. Cette « elpis » serait notre
certitude que, parmi tous les malheurs désormais dispersés entre les humains,
certains ne manqueront pas de nous toucher jusqu’au terme, le plus irrémédiable
de tous les maux : la mort. On retrouve ainsi, par ce biais inattendu, le
récit de la Genèse. Ève et Pandore, ces deux femmes qu’une vision simpliste et
sexiste, réduit à n’être que la cause des malheurs de l’humanité, apparaissent
comme révélatrices de ce que constitue la douloureuse grandeur de l’existence
humaine : la confrontation avec la certitude de la mort, horizon de toute
attente. Tous naissent d’une femme et c’est de la première femme que chacun a
a appris à se confronter à l’horizon de la mort.

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