C’est l’idée de la métempsycose relationnelle qui
pollue d’avance toute aventure : soit celle que dans certains moments de
la vie, une ancienne connaissance ou un esprit mythologique s’incarne en la
forme d’une personne nouvelle, et agit ou tente d’agir sur nous, sans que cette
personne en ait la connaissance ou en garde le souvenir. Cette idée est
finalement extrêmement banale, et c’est encore dans l’amour où elle tourne le
mieux. Puisque tout nous rappelle toujours quelque chose. Et finalement, tout
le monde sait que les amours passées forment un cercle de nuées et de prestige
autour du célibataire, dédoublant les amantes, et dédoublé lui-même. Mais
personne n’est allé jusqu’à Nerval, la nature de ce cercle. C’est une horloge
et cette horloge transforme la nature du temps que l’amoureux est en train
d’expérimenter. D’un temps linéaire et irréversible, jalonné de rencontres, il
passe à un temps mythologique, circulaire et réversible, dont les détails
appartiennent à la nature de ses anciennes amours, des morceaux d’amour qui
marquent inlassablement les heures.
Pacôme Thiellement : L’homme électrique, Nerval et la vie

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