Source : Le Kali-Yuga ou l’ambivalence de l’âge sombre par Dominique Wohlschlag, éditions de l’Harmattan, collection Théôria
La tendance Tamasique, liée à Shiva, correspond à la
solidification du monde dont parle René Guénon avec cette nuance que la
tradition indienne insiste sur l’idée d’enténèbrement plutôt que de
solidification, ce qui ne représente en fin de compte que deux faces d’un seul
et même phénomène : la solidification engendre une opacité et cette
opacité est précisément de qui empêche l’homme moderne de voir ou de sentir la
réalité derrière des apparences désormais dépourvues de toute
transparence.
On peut se demander à présent pourquoi cette fonction
tamasique de l’obscurcissement est liée à l’existence terrestre la plus
qualitative qu’est le temps. Ou, autrement dit, pourquoi c’est le temps qui,
bien que plus qualitatif que l’espace et le nombre, conduit dans le processus
des quatre âges à cette quantification progressive du milieu cosmique.
Telle est en réalité l’ambiguïté de la figure de Shiva,
à la fois destructeur et transformateur, et l’ambivalence de la notion de
tamas. En effet, la section de la Maitryupanishad que nous étudions et
qui met en relation dieux et conditions d’existence commence précisément par le
mot « Tamas » : « Ténébreux (tamas) était en réalité cet Un
au commencement dans l’Être suprême. » Le mot sanscrit « tamas »
est apparenté au latin « tenebrae » et au français :
« témérité » qui désigne étymologiquement le fait de se déplacer dans
l’obscurité.
L’obscurcissement shivaïque est en définitive au-delà d’un aveuglement de l’intelligence, un retour à l’indistinction principielle… La couleur noire est celle de la Divinité indifférenciée. Il est donc tout à fait logique que Krishna, dont le nom signifie le Noir ou le Bleu noir, assume cette couleur tamasique lors de sa mission dans le Kali-Yuga, ou Krishna-Yuga, l’âge sombre

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