Arc-en-ciel

 

Source : La Kabbale par Maurice-Ruben Hayoun, préface de Jacques Attali, éditions Ellipses

Le monde des couleurs a permis aux kabbalistes de montrer la projection des différentes forces de la divinité que sont les Séphiroth. Le rôle imparti aux couleurs dans les écrits kabbalistiques est radicalement nouveau puisqu’il porte sur la divinité agissante elle-même, étant entendu que En-Sof est absolument incolore et que la première triade séphirothique est blanche.

Une question s’impose : comme le culte imagé est rigoureusement interdit dans la Bible, comme les couleurs ont-elles pu prendre une telle ampleur dans la détermination de certains signaux divins au sein de la kabbale ? Il faut noter, cependant, que les couleurs sont loin d’être absentes dans la Bible hébraïque puisqu’elles interviennent dans des contextes fort importants : après le Déluge, lors de la construction de la tente d’assignation et à propos des franges rituelles (tekhelet), si l’on s’en tient à quelques cas les plus significatifs.

Genèse 9 :11-17 se lit comme suit « : « J’ai placé mon arc dans la nuée afin qu’il soit signe d’alliance entre moi et la terre ; lorsque j’assemblerai ma nuée sur la terre, l’arc y sera visible ; je me souviendrai alors de mon alliance qui existe entre moi et vous ainsi que tous les êtres vivants, et les eaux ne deviendront plus déluge pour détruire toute vie. »

La tradition juive ancienne note que, du vivant d’un grand Juste, en l’occurrence Rabbi Siméon ben Yochaï, l’arc-en-ciel n’apparaissait jamais car la présence de cet homme était déjà une garantie contre la destruction (Ketubbot, 77b) Cette problématique physique de l’arc-en-ciel s’enrichit d’une dimension nouvelle, voire métaphysique lorsqu’elle se retrouve dans une vision d’Ezéchiel (1 ;28) : 

« Tel l’aspect d’un arc surgissant dans la nuée par un jour de pluie, ainsi était l’aspect de l’éclat lumineux alentour. C’était l’aspect de la forme de la gloire divine. Scholem note avec pertinence que l’arc-en-ciel a donc été conçu pour la première fois ici comme la parabole d’une manifestation surnaturelle du divin. »

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