Son principal mérite était « le
choix libre d’une existence épouvantable. » Il y avait quelque chose de
divin dans La Femme pauvre, c’était bien de l’avoir vu, mais Léon Bloy
allait plus loin encore. Les plus belles pages de ce livre, ce n’était pas lui
qui les avait écrites, mais elles lui avaient été dictées. « Les derniers
chapitres, écrit-il à Henry de Groux, ont été écrits à la grâce de Dieu, dans
une exaltation d’âme singulière. » Et dans une autre lettre :
« Les derniers chapitres, les plus difficiles et les plus importants,
m’ont été donnés à force de prières et je m’en étonne moi-même. » Phrases
qui préparent ce passage étonnant d’une lettre citée dans Le Mendiant ingrat :
« Il m’est arrivé de relire certaines pages de mon livre et d’être écrasé
par le sentiment de l’épouvantable supériorité sur moi de celui qui avait écrit
ces pages. » On trouve de tels « étonnements » lorsque Léon Bloy
relit certaines pages du Salut par les Juifs. Ce n’est pas lui qui
parle, mais un autre installé en lui, lui prêtant son souffle.
Maurice Bardèche : Léon Bloy

Commentaires
Enregistrer un commentaire