Apocryphes, exagérées ou véridiques, ces anecdotes
reflètent la manière dont Lorrain est alors perçu et le soin qu’il prend à
entretenir sa légende. Car, ne doutons pas de la part d’artifices et de
composition qui entre dans pareilles fanfaronnades : « Que de fois,
lorsqu’il me venait visiter avec son large feutre cabossé, rabattu sur les
yeux, le visage pâle, fatigué, le foulard de soie éclatante dénoué sur le col,
les mains gantées de blanc, je le vis s’arrêter devant une glace, prendre des
mines pitoyables et s’écrier d’une voix de mélo : je suis le vice errant,
je suis la sombre brute, l’homme fatal des feuilletons populaires »,
raconte Octave Uzanne qui le connut à visage découvert. En effet, sous ses
fards, le clown est mélancolique, éternel attristé de la vie qui s’applique à
en dénoncer l’absurdité par des pitreries que la superficialité de ses
contemporains s’obstinera à ne considérer qu’au pied de la lettre.
Source : Jean Lorrain, miroir de la Belle Époque, Thibaut d’Anthonay, éditions Fayard.

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