Pour Kojève, tant que l’homme ne prend pas conscience
de sa mortalité, tant qu’il ne l’endosse pas en la choisissant contre le donné,
alors, en un sens, la mort n’existe pas (l’individu ne s’aperçoit pas de sa
mort et demeure le vecteur content de son patrimoine disons, génétique, au sein
d’une espèce immortelle.) Par conséquent, c’est l’homme qui introduit la mort
dans le monde et, en fonction d’elle, comme chez Soloviev, transforme ce monde.
Autrement dit, ce qu’affirmait Soloviev sous une forme
« mythologique » ou si l’on veut, sis dans une gangue théologique, il
appartenait à Kojève de lui donner un sens, pour ainsi dire plus réaliste. Et
ce qui effrayait Soloviev, à savoir le fait que l’homme introduit la mort dans
le monde, Kojève en faisait au contraire fièrement l’essence même de
l’humanité.
Rambert Nicolas : La Conscience de Staline
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