Source : Le Jour des Triffides par John Wyndham
Il ne fait guère de doute que notre Histoire a connu
dans des temps extrêmement éloignés ce que l’on pourrait appeler un Grand
Déluge. Ceux qui y ont survécu ont dû affronter un désastre d’une ampleur égale
à celui que nous vivons, et d’une certaine manière, encore plus terrible. Mais
ils n’ont pas désespéré. Ils ont recommencé comme nous devons le faire.
L’auto-apitoiement et le psychodrame ne vont pas nous aider à grand-chose.
Aussi, nous devons les rejeter une fois pour toutes.
Afin de couper court à toute tentation de dramatisation
romantique, je voudrais vous faire remarquer que cela, même maintenant, n’est
pas ce qui pouvait nous arriver de pire. Moi-même, et probablement beaucoup
d’entre vous, avons passé une grande partie de notre vie à attendre quelque
chose de pire. Et je persiste à penser que si tout ceci ne s’était pas produit,
un événement plus fâcheux encore aurait fini par avoir lieu.
Si vous voulez dramatiser les choses, penchez-vous sur
les décennies postérieures à 1945, quand les marges de sécurité ont commencé à
se réduire à une corde raide sur laquelle nous devions avancer, les yeux
fermés, dans le vide qui nous entourait. L’instant fatal aurait pu avoir lieu à
n’importe quel moment et qu’il ne se soit pas produit tient du miracle et que
tout cela ait pu continuer pendant des années est doublement un miracle.
Mais, tôt ou tard, le faux pas devait arriver et peu
importe qu’il se soit produit par malveillance, par insouciance, ou par simple
accident. L’équilibre se serait rompu de toute manière et personne ne peut dire
jusqu’où les choses auraient pu aller. Il aurait tout aussi bien pu ne rester
aucun survivant. Il aurait tout aussi bien plus ne plus rester de planète.
Maintenant, regardons la situation en face. La planète est toujours là, toujours productive. Elle peut nous fournir de la nourriture et des matières premières. Nous possédons des connaissances qui peuvent nous aider à faire tout ce qui l’était auparavant, même s’il vaut mieux oublier certaines choses et nous avons encore la force, la santé, pour reprendre la construction.
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