Ill. : Nocturne par Boleswaw Biegas. Source : Jacob Frank, le « faux » messie, déviance de la kabbale ou théorie du complot, par Charles Novak, édition de l’Harmattan, relecture 2012-mars 2025.
La comparaison entre frankistes et premiers chrétiens
n’est pas sans fondement. Gershom Scholem reconnaît que la cour frankiste à
Offenbach se calquait sur les premiers juifs chrétiens pauliniens : un
cercle de douze apôtres, hommes et femmes, autour du Messie Jacob Frank. Il est
certes que la théorie du chaos frankiste est une suite presque logique au
sabbataïsme.
D’après Scholem, le mouvement frankiste est un
mouvement gnostique et paradoxalement, un mouvement qui exige un renouveau
religieux, d’un judaïsme attaqué de toutes parts. Tant de l’extérieur (pogroms,
misère sociale et spirituelle) que de l’intérieur (désir d’assimilation ou de
conversion) Il convient donc selon Scholem, de replacer le mouvement frankiste,
avec un arrière-plan social et politique des communautés juives de l’époque. Il
est comparable, dans ce sens, au renouveau hassidique, inauguré à la même
époque et dans la même région géographique par le Baal Shem Tov.
Si le hassidisme reste à l’intérieur du judaïsme pour le renouveler, le frankisme suit le principe opposé : Frank évite toute liaison directe avec la tradition juive. D’après Scholem, il tire son essence de son opposition à la tradition. Le seul lien qui le rattache au judaïsme est son attachement à la Kabbale, au Zohar et au sabbataïsme. [Les frankistes se désignaient comme juifs zohariques par opposition aux juifs « talmudiques »] En d’autres termes, le frankisme reste attaché au « côté obscur » du judaïsme qu’il interprète d’une manière originale et horrible : « C’est en violant la Torah qu’on l’accomplit. »
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