Eyes Wide Shut

 

Qu’en est-il non pas des paradoxes de la physique mais du puits métaphysique de l’imaginaire dans sa dérive, patinant le long des chaînages désancrés de l’Être ? Le risque d’un effondrement de la raison, Descartes en ressentait la sourde menace au moment d’ouvrir la première méditation par l’exemple du rêve. Souci assez concret peut-être pour effacer de la couverture l’idée de Métaphysique qui ne s’y trouve pas, nous laissant ainsi le soin de reprendre ce titre absent eu égard au texte original. [Descartes comptait intituler son livre Meditationes de Prima philosophia] Quoi qu’il en soit cette inquiétude reste fortement sensible lorsque Descartes prend l’exemple d’un esclave qui jouissait dans le sommeil d’une liberté imaginaire, lequel soudain « craint d’être réveillé » Comment justifier cette crainte devant le réveil qui le pousserait plutôt à s’enfoncer au fond de son rêve ? De quelle nature relève cette angoisse et ne pourrions-nous pas soupçonner que les yeux ouverts nous fassent basculer dans un monde plus absurde encore que celui du songe, plus cruel dans la suite des images qu’ordonne la raison pour engendrer fatalement des monstres ou pour le moins, des revendications absurdes.

Jean-Clet Martin : Nouvelles méditations métaphysiques

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