« Tous ces fanatiques d’extrême droite ne m’ont jamais aimé »

 

Gottfried Benn pensait que le national-socialisme donnerait à l’expressionnisme la place  que le fascisme avait reconnue au futurisme. Mais dès 1933, l’expressionnisme, malgré l’appui de Goebbels, est vilipendé par la SS, et l’écrivain remplacé à l’Académie prussienne des sciences et des arts, où il avait été élu en janvier 1932. La purge de la Nuit des longs couteaux le scandalise, le juriste l’approuve et la justifie. En 1935, Schmitt choisit la forme aristocratique de l’émigration en s’engageant dans l’armée comme médecin militaire alors que le juriste participe à la reconstruction du droit pénal. En 1936, Benn est attaqué, comme Schmitt et d’autres néoconservateurs, par le Schwarze Korps. Il n’écrit plus après cette date, ce qui n’est pas le cas du juriste. En 1938, il est exclu de la Chambre de littérature et frappé d’une interdiction totale de publication ; le juriste conserve certaines positions, use de ses possibilités de publier et devient l’un des principaux spécialistes du droit international. En 1945, les Alliés à leur tour le frappent, comme le juriste, d’interdiction de publier, mais, en 1948, il est réhabilité, ce qui ne sera jamais le cas de Schmitt. En 1951, il reçoit le prix Georg Büchner de la poésie et il meurt le jour même où le Land de Rhénanie-Wesphalie s’apprête à lui décerner son grand prix de littérature, après 1945-1949, le juriste est un solitaire voué aux gémonies.

David Cumin : Carl Schmitt, biographie politique et intellectuelle

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