Source : Carl Schmitt, biographie politique et intellectuelle par David Cumin, éditions du Cerf, collection Passages.
Ce qui est certain, c’est que le juriste Schmitt
appartient à la tendance, celle de la Ligue Kreuz und Adler, de
l’Association catholique pour une politique nationale, de la collection « Reich
und Kirche », de la revue Germania, proche de Papen, qui prône
une « approche catholique du national-socialisme » et qui voit dans
le national-socialisme le levier d’une restauration de l’idée du Reich entant
qu’idée catholique. Mais en 1936, voire 1935, l’accusation de catholicisme
devient politiquement décisive, en raison du conflit entre l’État et l’Église.
Ce conflit était consécutif à la constitution de la Hitlerjugend :
la Jeunesse catholique pourrait-elle subsister parallèlement à la Jeunesse
hitlérienne, ou serait-elle absorbée dans un front unique
national-socialiste ?
Il a existé pendant toute la durée du IIIe Reich, au
sein de la Gestapo et du Sicherheitdienst, un département
« catholique politique. » Circonstance aggravante : les soutiens
conservateurs (prussiens et protestants) du régime ne sont guère sensibles à la
répression subie par l’Église romaine. À cet égard, Carl Schmitt ne peut
compter sur leur appui. Enfin, le catholicisme de Schmitt est dénoncé par les
radicaux comme incompatible avec son « prétendu antisémitisme. »
Schmitt a été désarçonné, lors de la conférence d’octobre 1936, quand des
participants ont suggéré d’associer le catholicisme et le judaïsme (deux
minorités religieuses qui avaient lutté pour l’égalité des droits en Prusse,
avant 1914)
La judéophobie alimentée par l’Église traditionnelle s’est finalement retournée contre elle en raison de ce qu’elle conserve du « judaïsme. »
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