Dans les interviews qui accompagnent la sortie de The
House that Jack built (2018), Lars von Trier dit s’être attardé sur la
figure du serial killer parce qu’il a connu beaucoup de femmes qui se
passionnaient pour eux : « Soudain, en ouvrant le placard, elles
avaient dix pages sur les serial killers. » Mais c’est un trait qu’il
partage avec celles-ci : la fascination ébahie pour les bourreaux ;
l’empathie déplacée pour les méchants qui ont eu un impact sur le monde. Qu’on
pense simplement à la fameuse tirade qui rendit Lars von Trier persona non
grata à Cannes en 2011 : « Que puis-je dire ? Je comprends
Hitler. Je pense qu’il a fait de mauvaises choses, aucun doute, mais je
l’imagine tout seul, dans son bunker. Je comprends l’homme. Ce n’est pas ce
qu’on appelle un type bien. Je ne suis pas pour la Seconde Guerre mondiale
(sic) mais je peux avoir de l’empathie. » Ce que cette déclaration
montrait n’était nullement sa perversité, mais la dimension pathologique de son
empathie, et qu’il décidait de traiter avec un sens presque suicidaire de
l’autodérision.
Pacôme Thiellement : L’Enquête infinie
Commentaires
Enregistrer un commentaire