Quant à Baptiste, c’est un des
personnages les plus opaques à apparaître dans les films mis en scène par
Rivette. « Je ne sais pas d’où il vient, dit Rivette dans l’émission Le
Cinéma des cinéastes, je ne sais pas du tout. C’est un personnage sur
lequel on s’est posé des questions, nous aussi. On a différentes hypothèses sur
lui. C’est un personnage qui garde volontairement son mystère. Il est très
vraisemblable que son mystère ne soit pas très mystérieux, contrairement à ce
que disait Paulhan. Mais son silence fait partie de lui, profondément. Si ce
personnage disait plus de choses de lui, d’une certaine façon, il cesserait
d’exister. »
Baptiste est un être d’un nouveau
genre : une guerrière mystique, mais complètement désorientée. Baptiste
croit à un « grand complot », « une surveillance absolue »,
qui n’est pas tout à fait celui des théoriciens du complot et pas non plus le
« complot de la conscience » d’Artaud ou de Nerval. C’est plutôt un
cauchemar de science-fiction. Elle suit un chemin de signes, mais ce chemin va
l’amener à se transformer en alliée de ceux que, initialement, elle combattait.
Elle déteste et traque partout les yeux du pouvoir et s’apprête à attaquer ceux
d’une affiche de film de Kurosawa, mais Marie l’en empêche. Elle se rattrape
avenue René Coty, sur une affiche de publicité pour des lunettes.
Pacôme Thiellement : Le Secret de la société
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