Source : Simetierre par Stephen King, relecture juillet 1986-septembre 2016-Février 2025, son meilleur livre.
Le bébé dans
les bras, il gravit l’escalier que baignaient les rayons obliques et brûlants
d’un soleil de fin d’été, et lorsqu’il parvint au palier de l’étage, un
pressentiment horrible et ténébreux s’abattit sur lui avec tant de force qu’il
se pétrifia et regarda autour de lui avec stupeur en se demandant d’où pouvait
bien lui venir cette soudaine terreur. Il avait resserré son étreinte sur
l’enfant, qui se mit à se débattre dans son sommeil, et il sentit que de
grandes plaques de chair de poule s’étaient formées sur toute la longueur de
ses bras et de son dos.
Qu’est-ce
qui ne va pas, se
demanda-t-il, épouvanté et confus. Son cœur battait la chamade ; des
frissons lui couraient le long du crâne et il lui sembla que son cuir chevelu
se recroquevillait ; il sentit une brusque giclée d’adrénaline en arrière
de ses yeux. Louis savait qu’en cas de peur extrême les yeux humains
s’exorbitent vraiment ; ils ne s’écarquillent pas simplement, ils
grossissent bel et bien à mesure que la pression sanguine augmente et que la
pression hydrostatique du liquide céphalo-rachidien s’intensifie. Mais
qu’est-ce que ça peut être, bon Dieu ? Des fantômes ? Bon sang, on
dirait que quelque chose m’a frôlé dans le couloir, quelque chose qu’il m’a
presque semblé apercevoir.
Au rez-de-chaussée, la porte à treillis qui doublait celle de l’entrée principale se rabattit sur le chambranle avec un claquement sec. Louis Creed tressaillit et réprima un hurlement. Puis il se mit à rire. Il venait tout simplement de tomber dans un espèce de trou psychologique, d’avoir une absence, une de ces brèves pertes de conscience dont les épileptiques ne sont pas les seuls à souffrir. Il arrive parfois que des gens parfaitement normaux éprouvent ce genre de défaillance ; elles passent aussitôt et on n’en parle.
Commentaires
Enregistrer un commentaire