« Only the wicked are pure »

 

La conception du christianisme que Léon Bloy tire de l’enseignement de Blanc de Saint-Bonnet fait naître une difficulté. Ce Dieu spectateur et témoin laisse intacte la liberté de l’homme, mais n’est-ce pas aux dépens de la toute-puissance divine ? Si Dieu s’interdit d’intervenir quelle est l’efficace de la prière ? Que peut-on demander à Dieu juge immobile ? On lui demande de dispenser le seul bien dont il puisse disposer qui est la grâce. C’est bien ce qu’avait demandé la mère de Léon Bloy pour son fils, c’est bien ce que Léon Bloy demande lorsqu’il prie, ou lorsqu’il offre de sacrifier une part de son bonheur terrestre en faveur de ceux qu’il aime. Mais alors, il manque à cette conception du christianisme une théorie de la Grâce. Pourquoi, dans quelle mesure, cette grâce née d’une balistique universelle est-elle insuffisante dans certains cas, sur certaines âmes rétives ou simplement inaptes à la réception de la grâce ? Pourquoi l’échec ? Est-ce qu’il n’y a pas là une impasse que fait Blanc de Saint-Bonnet, que fera plus tard Léon Bloy sur cette difficulté ? Est-ce, chez Léon Bloy, une insuffisance provisoire de son raisonnement ou un certain penchant que nous retrouverons à esquiver, à contourner les difficultés au lieu de les affronter ?

Maurice Bardèche : Léon Bloy

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