En 1793, il
y a eu un homme qui s’identifie parfaitement avec la révolution et la Terreur.
C’est un aristocrate attaché aux créneaux de son château moyenâgeux, homme
tolérant, plutôt timide et d’une politesse obséquieuse : mais il écrit, il
ne fait qu’écrire, et la liberté a beau le remettre dans la Bastille d’où elle
l’avait retiré, il est celui qui la comprend le mieux, comprenant qu’elle est
ce moment où les passions les plus aberrantes peuvent se transformer en réalité
politique, ont droit au jour, sont la loi. Il est aussi celui pour qui la mort
est la plus grande passion et la dernière des platitudes, qui coupe des têtes
comme un coupe une tête de chou, avec une indifférence si grande que rien n’est
plus irréel que la mort qu’il donne, et cependant personne n’a senti plus
vivement que la souveraineté était dans la mort, que la liberté était mort.
Maurice Blanchot : De Kafka à Kafka
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